jomard


Edme-François Jomard (1777-1862)

Né à Versailles sous Louis XVI, le 22 novembre 1777, et mort à Paris le 23 septembre 1862 sous le Second Empire, Edme-François Jomard, fils d’un riche marchand de soieries ruiné par la Révolution, fut le témoin des nombreux bouleversements politiques et  conflits armés qui marquèrent cette période.
La note de l’éditeur tirée de Jomard, le dernier Egyptien,  par Yves Laissus (Fayard, 2004), permet de donner une idée non seulement de la dimension de ce savant injustement méconnu, mais surtout de l’insatiable curiosité d’esprit et de l’impressionnante polyvalence dont il a toujours fait preuve jusqu’à ses derniers jours :  
« Par l’une de ces omissions dont l’Histoire est coutumière, Edme-François Jomard (1777-1862) est, de tous les scientifiques qui ont accompagné Bonaparte en Orient en 1798, celui qui aura mené à bien le plus grand nombre d’entreprises, mais celui aussi dont on parle le moins. N’est-ce pourtant pas ce jeune ingénieur géographe qui a réalisé la plus grande quantité de dessins, cartes, relevés de la célébrissime Description de l’Egypte, ouvrage hors norme, et, surtout qui a permis qu’elle paraisse, lui donnant plus de vingt ans de sa vie? qui a été l’un des fondateurs de la première société de géographie au monde, celle de Paris, en 1821? qui a créé le département des Cartes et Plans de la Bibliothèque nationale de France? qui s’est passionné pour la pédagogie et l’enseignement, en France comme en Egypte? qui, ami de Méhémet Ali, grand modernisateur de l’Egypte, a préparé les esprits au percement de l’isthme de Suez? qui, auteur d’innombrables articles et communications (plus de 500), a porté ses curiosités sur l’Afrique centrale, l’Afrique occidentale, l’Amérique centrale, l’Amérique du Nord ? L’histoire, l’histoire de l’art, celle des religions, l’archéologie, l’ethnologie, et bien d’autres disciplines ont à l’endroit de ce notable de la science, de ce propagateur d’idées et de connaissances une dette considérable. La biographie attentive et informée que lui consacre Yves Laissus lui rend enfin justice. »

Edme-François Jomard et Lozère :
Au moment même où s’achève enfin le "grand ouvrage", à savoir la publication de la monumentale Description de l’Egypte qu’il a eu la lourde charge de diriger pendant un quart de siècle, Jomard acquiert le 19 avril 1828 une vaste propriété à Lozère, dans laquelle il effectuera des séjours réguliers jusqu’à la fin de sa vie, à raison de deux jours par semaine à la belle saison. La propriété, où il conviait volontiers ses meilleurs amis et se détendait parmi les siens, se situait à l’emplacement actuel de la résidence du Manoir, (3, rue Henri Poincaré) et se composait de celui-ci, ainsi que d’un parc plus vaste à l’époque que ne l’est aujourd’hui le parc public Henri Poincaré.
Comme le rapporte François Cossonnet dans son Histoire de Palaiseau, Jomard, apprenant que le grand Nicolas Samson d’Abbeville (1600-1667), conseiller de Louis XIII, cartographe et père fondateur de la géographie française, a vécu à Palaiseau, recherche l’emplacement exact où se trouvait sa demeure, qu’il finit par localiser au lieu-dit Les Chandeliers, et où il y fait alors ériger à ses frais en 1848 une stèle commémorative ainsi rédigée :

ICI HABITA
NICOLAS SAMSON D’ABBEVILLE
INGENIEUR ET CONSEILLER DE LOUIS XIII
LE PERE DE LA GEOGRAPHIE EN FRANCE
NE LE 20 DECEMBRE 1600
MORT A PARIS LE 7 JUILLET 1667

En 1850, Jomard informe l’Académie des sciences des effets curieux de la foudre sur un peuplier bordant la route de Lozère à Orsay.
Par la suite, il fera encore une série de communications intéressant Lozère, notamment en 1854 : les travaux de prolongement de Palaiseau à Orsay de la ligne de chemin de fer de Paris à Sceaux ayant mis au jour dans un terrain lui appartenant d’importants vestiges gallo-romains, comprenant des monnaies et outils divers, mais aussi des tuiles et surtout plusieurs meules coniques, il en rend compte tant à l’Académie des inscriptions et des belles-lettres qu’à la Société d’encouragement pour l’industrie nationale, dont il est un des co-fondateurs. Il invite à cette occasion un autre polytechnicien, Victor Pigeon, propriétaire du moulin de Lozère, ancien député de la Constituante de 1848 et maire de Palaiseau, à comparer ces meules antiques avec les meules coniques que ce dernier installe à l’époque dans son moulin, et qui sont en tous points identiques à celles alors également en cours d’installation à Londres.
Mais Lozère sera aussi pour Jomard un lieu privilégié pour concrétiser son intérêt pour la botanique. Dans son vaste parc et dans ses serres, il expérimente diverses plantations et obtient des résultats spectaculaires : en 1839, il présente à la Société d’encouragement pour l’industrie nationale deux espèces de blé originaires de Smyrne et de Mogador et qui ont été cultivées chez lui, ainsi que des poires de 17 centimètres de long pesant presque un kilogramme !
Nommé membre honoraire de la Société d’acclimatation dès sa fondation en 1854, il prend tout de suite une part active à ses travaux : il entretiendra ses nouveaux collègues des progrès de ses plantations d’igname et de sorgho noir du nord de la Chine, envoyés par le consul général de France à Shanghai. Il leur signalera aussi les performances exceptionnelles de ses plants de grenadier, hauts de dix à douze mètres, et dont le complimentera Henri de Vilmorin. Ses chênes d’Amérique ont plus de vingt mètres de haut. A sa mort, on dénombrera dans son parc de Lozère trente-huit caisses d’arbres fruitiers ou arbustes.
Esprit encyclopédique, travailleur acharné ("Qu’est-ce que la santé? C’est de pouvoir travailler", écrit-il à son ami François Grille en 1846), organisateur hors pair, correspondant de nombreuses sociétés savantes françaises ou étrangères, écrivant d’innombrables lettres à des chercheurs ou décideurs, allant dans Paris, toujours à pied, d’une réunion à l’autre, il a rédigé quelque 540 communications scientifiques. Sans bassesse vis-à-vis du pouvoir politique du moment, sociable, serviable et volontiers généreux, il a caché chez lui, pendant les Cent Jours, un camarade de Polytechnique, le préfet royaliste de Chabrol, lui disant : "J’ai deux cultes, celui du devoir et celui de l’amitié".
Il existe une plaque sur sa maison natale à Versailles, une rue Jomard à Paris près de la station de métro Crimée dans le 19ème arrondissement. La Ville de Palaiseau s’honorerait, nous semble-t-il, en donnant à un lieu de Lozère le nom de celui qui, pendant un tiers de siècle, lui a fait honneur.

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Roger Ferdinand (1898-1967)

Né à Saint-Lô, professeur d'anglais au lycée Condorcet, il devait débuter dans la carrière dramatique en 1924, grâce à Paulette Pax, qui jouait au théâtre des Mathurins: La machine à souvenirs. Deux ans plus tard, Charles Dullin, révélé par Marcel Achard, présentait Irma, puis c'était au théâtre de l'Œuvre: Un homme en or. La foire aux sentiments que devaient adopter vingt ans plus tard, la Comédie Française, comme elle devait inscrire à son répertoire : Le président Haudecœur. Le théâtre de l'Odéon allait à son tour donner "Chotard et Cie, pièce qui mettait en évidence un autre grand acteur : CHARPIN.
En 1943, on jouait aux Bouffes Parisiens, une comédie dont le succès devait être considérable : Les J 3. Et cette comédie avait une suite excellente. Ils ont vingt ans (...).
Au faîte de son succès, Roger FERDINAND écrivait encore de nombreuses pièces, notamment : Le mari ne compte pas (joué au Bouffes Parisiens en 1948), Le père de Mademoiselle, Les croulants se portent bien, etc...

La télévision devait s'emparer de ses œuvres et, lors de la projection en direct des J 3 l'auteur, qui se trouvait dans la salle, connaissait, comme sa pièce, un véritable triomphe.
Décédé à Lozère, Roger Ferdinand repose maintenant à Saint-Lô, en cette terre qui le vit grandir, se former, se cultiver. Ses obsèques se sont déroulées le 4 janvier 1968, en l'église Notre Dame-de-Saint-Lô en présence d'une foule nombreuse et recueillie. A l'issue du service religieux, Marcel PAGNOL, de l'Académie Française a prononcé une allocution dans laquelle il rendait hommage a celui qui fut son grand ami.
La veille, une cérémonie avait réuni à Lozère, tout le monde du théâtre de Paris et du spectacle, à l'issue de laquelle Serge VEBER, vice-président de la Société des auteurs, avait salué l'illustre disparu.
C'est vers 1938, que Roger FERDINAND vint habiter, à Lozère « La villa des Pins ». Rapidement par son amabilité, le célèbre auteur gagna la sympathie de ses concitoyens. C'est lui qui eut l'heureuse initiative de faire apposer officiellement une plaque commémorant la présence de Charles PÉGUY à la « Maison des pins » de 1906 à 1913.
C'est également au cours de cette cérémonie que le vieux chemin de Lozère à Palaiseau prit, selon le vœu du conseil municipal, le nom de Charles Péguy.

D'après le Bulletin municipal de St Lô (avril 1968)

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Jacques Audiberti (1899-1965)
poète, auteur dramatique

Né à Antibes, le 25 mars 1899. Fils unique de Louis Audiberti, maçon, et de son épouse Victorine. " Je suis né à l'extrême rebord du XIXe siècle."
Dès l'âge de douze ans, il écrit des poèmes.A partir de 1914, il tient une chronique dans« le microscopique quotidien de sa ville natale, le Réveil d'Antibes.
Installé à Paris en 1924 et entré comme reporter au Journal, puis, dès l'automne, au Petit Parisien, « j'appris en quoi consistent les crimes, les incendies, les tabassages, toute la poésie de la banlieue.
Il épouse en 1926 une jeune institutrice venue de la Martinique et en a deux filles, Jacqueline et Marie-Louise.
En 1930, son premier livre, un recueil poétique publié à compte d'auteur, L'Empire et la trappe, est salué par Valery Larbaud. Au cours des années suivantes, il publie des poèmes dans diverses revues - Les Nouvelles littéraires, La NRF, Les Cahiers du Sud, Le Journal des poètes, Mesures, puis un second recueil, Race des hommes, et sa première pièce, L'Ampélour.
En 1938, il donne son premier roman, Abraxas, et reçoit son premier prix de poésie.
Découverte de l'écriture théâtrale : « En 1945, je publie un texte composé de répliques, Quoat-Quoat. Je ne l'avais point conçu pour la scène. Il se révéla pourtant théâtralisable.
L'année suivante, Georges Vitaly met en scène Le Mal court, avec Suzanne Flon dans le rôle d'Alarica .
Au poète s'est enchevêtré le metteur en scène. Pour toutes les pièces qui suivirent » : Les Femmes du boeuf (1948), Le Cavalier seul (1952), Le Ouallou (1953), Opéra parlé (1954), La Fourmi dans le corps (1960).
Il donne des textes - poèmes, proses, critiques, chroniques - à La Nouvelle NRF, à La Parisienne, ainsi qu'aux Cahiers du Cinéma, où François Truffaut le soutient avec admiration. Dans le même mouvement prolixe et généreux, il peint et dessine.
Prix des Critiques, en 1964

« Marre ! Marre ! Marre ! » sont les derniers mots qu'il écrit avant de s'éteindre, le 10 juillet 1965, un samedi précédant la parution de Dimanche m'attend.

"Nous sommes dans le Hurepoix, au coeur. A droite, là-bas, les pylônes de la force électrique escaladent la colline, vers Villejust...
Coresse.
Dimanche.
Redimanche.
Et reredimanche.
Le même poulet, la peau rissolée, le dedans rosâtre et mou. Le même écran de télé, les images toujours légèrement dédoublées vers la droite, à cause de l'« écho » de la colline."

Extrait de" Dimanche m'attend"

voir l'Association des Amis de Jacques Audiberti

 

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Fernand Forest (1851-1914)

Fernand Pierre Forest est né à Clermont-Ferrand le 10 octobre 1851. Il fait son apprentissage de la mécanique à Thiers chez un forgeron. A 23 ans, en 1874, il vient à Paris et s’associe avec les frères Renard avec lesquels il fonde la première fabrique de bicyclettes de la capitale. Mais il abandonne bientôt cette affaire pour se consacrer à ses inventions.
C’est à Forest, bricoleur génial, qu’on doit en 1880 la réalisation de la première magnéto d’allumage basse tension utilisée avec bonheur par Nikolaus Otto, son client du moment. Forest ne cherche pas à aborder le monde de l’industrie, il n’en a pas les moyens financiers, il se contente de déposer un brevet et de percevoir les droits de licence.
L’année suivante, il alimente au pétrole un moteur à gaz Lenoir, créant le premier moteur à pétrole de l’histoire.En 1884 et 1885, ses moteurs à pétrole à deux cylindres sont montés sur des canots, et présentés sur la Seine à Paris, devant ses ateliers.

L’œuvre de Fernand Forest en matière de création est considérable. On peut dire qu’elle fut pour le moteur à explosion aussi précieuse que celle de James Watt pour la chaudière à vapeur. Tous les perfectionnements réalisés aujourd’hui dans les moteurs d’automobiles, de canots ou d’aviation portent l’empreinte de son travail opiniâtre
.Modeste inventeur qui se contentait de vivre de ses brevets, Forest aurait pu revendiquer la création de la navigation en canot automobile (1886), la première application du moteur à explosion pour l’éclairage électrique (1889) et en 1890 la réalisation de la première automobile à quatre cylindres, avec Georges Gallice, son associé du moment
Les moteurs Forest sont exposés pendant les grandes expositions universelles de Paris en 1889 et 1900

Le 12 avril 1914, au cours du meeting de canots automobiles de Monaco, Forest trouve la mort à bord du canot Gazelle, un type de machine qui fut construit par lui en 1888 et qui avait encore de l’allure face à des canots plus jeunes de 26 ans.

Voir le site sur l'oeuvre de F.Forest  par Gérard Hartmann

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Charles Péguy (1873-1914)

Charles Péguy naît à Orléans le 7 janvier 1873. Sa mère est rempailleuse de chaises. Son père est mort quelques mois après sa naissance. Il est d’abord envoyé à l’école professionnelle en 1884, mais à Pâques 1885, il entre en 6ème au lycée grâce à une bourse obtenue par ses maîtres.

Reçu bachelier en 1891, il entre au lycée Lakanal à Sceaux. Il est boursier d’Etat. En 1894, il est admis à l’Ecole Normale Supérieure après deux échecs.

En 1897, il épouse Charlotte Baudouin et s’installe à Paris, 7 rue de l’Estrapade.
En 1898, il participe à la campagne pour Dreyfus et fonde une librairie socialiste, 17 rue Cujas à Paris.
En juillet 1899, il s’installe à Saint-Clair, hameau de Gometz, près d'Orsay.
Le 5 janvier 1900, il publie le premier numéro des Cahiers de la Quinzaine qui s’installent rue de la Sorbonne à Paris. La boutique des Cahiers y existe toujours au numéro 8.
Le 15 juillet 1901, il s’installe à Orsay, rue des Sablons (Le Guichet).
En janvier 1908, il s’installe à Lozère, dans la Maison des Pins, 12 rue Charles Péguy.
En août 1913, il s’installe à Bourg-la-Reine, 7 rue André Theuriet.
Le 5 septembre 1914, il est tué au début de la bataille de la Marne.

«Il est effrayant, mon ami, de penser que nous avons toute licence, que nous avons le droit exorbitant, que nous avons le droit de faire une mauvaise lecture d’Homère, de découronner une oeuvre du génie, que la plus grande oeuvre du plus grand génie est livrée en nos mains, non pas inerte mais vivante comme un petit lapin de garenne. Et surtout que la laissant tomber de nos mains, de ces inertes mains, nous pouvons par l’oubli lui administrer la mort. Quel risque effroyable, mon ami, quelle aventure effroyable; et surtout quelle effrayante responsabilité.»

Ce texte de Péguy lui-même s’applique-t-il à son oeuvre? On peut le croire car en dehors de ceux et celles qui habitent une rue portant son nom, qui s’en souvient encore? C’est Alain Finkielkraut dans son livre sur Péguy: Le mécontemporain, publié chez Gallimard en 1991, qui le cite. Cet essai peut-être considéré comme une tentative de réhabilitation de l’homme Péguy et de son oeuvre. Sa récupération par l’extrême droite après la première guerre mondiale et son épitaphe tirée de son oeuvre Eve: «Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre» aurait fait, dit Finkielkraut, disparaître le philosophe énergumène sous l’image pieuse. Et il est vrai que parcourir ses écrits fait passer de l’accord avec la justesse de sa perception du monde moderne à l’agacement le plus profond. Il est vrai qu’il écrit lui-même dans l’Argent en 1913:
« Une revue n’est vivante que si elle mécontente chaque fois un bon cinquième de ses abonnés. La justice consiste seulement à ce que ce ne soient pas toujours les mêmes, qui soient dans le cinquième. Autrement, je veux dire quand on s’applique à ne mécontenter personne, on tombe dans le système de ces énormes revues qui perdent des millions, ou qui en gagnent pour ne rien dire. Ou plutôt à ne rien dire.»
J.Cadelec

voir aussi le portrait de Ch.Peguy par Pierre Laurens

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Henri Poincaré ( 1854-1912)
Le dernier savant universel

Mathématicien, physicien, philosophe, Jules Henri Poincaré fut sans doute le dernier savant à dominer l'ensemble des mathématiques de son époque et à faire progresser leurs diverses branches. Sa production scientifique est énorme et ses idées novatrices sont encore largement étudiées et développées de nos jours

Henri Poincaré est né le 29 avril 1854 à Nancy.Les études de Poincaré sont brillantes : plusieurs fois premier prix au Concours Général, bachelier ès lettres, bachelier ès sciences. Reçu à l'Ecole Normale Supérieure, et à l'Ecole Polytechnique, il opte pour cette dernière.

Sorti ingénieur des Mines, Poincaré se consacre toutefois à la rédaction d'une thèse de doctorat qu'il défend le 1er octobre 1879. Nommé maître de conférences à la Sorbonne, en 30 ans, il publie une trentaine de volumes, et près de 500 notes, articles ou longs mémoires. Ses travaux changeront totalement le paysage mathématique de son époque. Il révolutionne l'étude des équations différentielles par ses études qualitatives de solutions.

C'est en 1889 que le nom d'Henri Poincaré devient vraiment connu de tous. Il reçoit en effet le prix du roi Oscar pour un brillant mémoire sur le problème des 3 corps. Le roi Oscar est le roi de Norvège et de Suède, un passionné de mathématiques. Il décide d'offrir un prix de 2500 couronnes à une "découverte importante dans le domaine de l'analyse mathématique supérieure".Celle-ci permit à Poincaré d'ouvrir la porte de la théorie du chaos.
Poincaré était également un philosophe des sciences reconnu. Dans La Science et l'hypothèse, publié en 1902, il affirme le rôle essentiel du principe de récurrence. Plus tard, il interviendra dans la crise des fondements des mathématiques.
Le 28 juin 1909, il entre à l'Académie Française, privilège rare pour un scientifique.

Autres biographies:
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Daniel Villey (1910-1968)

C'est par des mérites bien différents que Daniel Villey retenait notre affection. Esprit très primesautier, il était aussi capable d'entamer une controverse économique que de réciter d'immenses passages de Charles Péguy, lui aussi citoyen de Lozère, lui aussi pourvu d'une âme ardente, lui aussi arraché trop tôt à son destin.
Sa carrière a été avant tout celle d'un enseignant. Il a professé en France — Caen et Poitiers — comme à l'étranger, — Brésil et Egypte —, avant de venir nous rejoindre à Paris. Ses recherches l'ont porté simultanément dans deux directions : d'abord l'histoire des idées économiques, à laquelle il a consacré, outre sa thèse de doctorat sur Dupont-White, un
ouvrage au nom ingénieux, Petite histoire des grandes doctrines économiques. Ensuite la philosophie économique, discipline neuve qui a fait l'objet de nombre de ses cours, et qu'il se proposait de couronner par une vaste étude sur les intérêts, qui reste inachevée.
Mais Daniel Villey se serait affligé de n'apparaître que sous l'aspect d'un professeur. Il se voulait polémiste et fut prodigue d'engagements. Nous n'oublierons ni Redevenir des hommes libres, qui parut si opportunément au lendemain de la Libération, ni les nombreux articles où il proclamait ses convictions européennes et affirmait sa foi dans les vertus libérales.
Nous oublierons encore moins l'ami dévoué et le collègue affectueux qu'il sut être pour nous.

Référence bibliographique : Revue économique, Année 1968, Volume, Numéro4